C’est une scène aussi inédite que stratégique qui s’est jouée le jeudi 17 juillet à la Cité de l’Union africaine. Le président Félix Tshisekedi assistait, solennel, à la signature d’un accord de principe entre le gouvernement congolais et la société américaine KoBold Metals. À la table : le ministre des Mines Kizito Pakabomba et Benjamin Katabuka, Directeur général de KoBold Metals en RDC. Ce partenariat, à forte valeur symbolique et géopolitique, ouvre une nouvelle ère pour l’exploration minière en RDC — une ère où l’intelligence artificielle prend le contrôle de la boussole géologique.

Car KoBold, ce n’est pas une simple entreprise minière. C’est une machine de guerre technologique, financée par Bill Gates, Jeff Bezos et les cerveaux de la Silicon Valley. Leur promesse : utiliser la data, les algorithmes et l’intelligence artificielle pour cartographier et valoriser les métaux critiques de la transition énergétique. En ligne de mire ? Le lithium de Manono, bien sûr. Et Benjamin Katabuka ne cache pas son ambition : « Nous voulons faire de la RDC un modèle mondial de l’exploration minière assistée par l’IA, avec les Congolais au cœur du dispositif. »
Mais ce projet n’est pas sans secouer le statu quo. Le gisement de Manono est au centre d’un litige explosif entre AVZ Minerals, Zijin Mining et la société publique Cominière. KoBold propose une sortie stratégique : AVZ serait compensée, Zijin conserverait le nord, KoBold développerait le sud. Et l’État congolais — pas Cominière — entrerait directement dans l’actionnariat. Simple manœuvre ou coup de génie diplomatique ?
Quoi qu’il en soit, cet accord sonne comme un appel à la mobilisation nationale. Le numérique ne doit pas être l’apanage des investisseurs étrangers. Il est temps que les jeunes ingénieurs congolais soient formés à ces outils, que les universités revoient leurs curriculums, que des start-up locales puissent développer des solutions IA pour l’industrie extractive. Maintenance prédictive, modélisation géologique, contrôle environnemental : les champs d’application sont infinis.
Ne pas monter dans le train de l’intelligence artificielle, c’est accepter de regarder les autres tracer nos cartes minières à notre place.
Et ça commence maintenant.
D. Lukoji