Un nouveau glissement de calendrier vient assombrir les espoirs autour du port en eaux profondes de Banana, projet stratégique pour la RDC. Selon Jorge Rico, directeur de DP World RDC, la livraison de la première phase interviendra entre mars et mai 2027. Un horizon repoussé, malgré les assurances données quelques mois plus tôt à la Première ministre Judith Suminwa.
Les travaux de dragage à 12 mètres sont terminés. Une nouvelle drague est attendue pour atteindre les 18 mètres nécessaires à l’accueil des grands navires. En parallèle, le lancement des constructions portuaires (terminaux, zones de stockage, capitainerie) est imminent. Mais peu d’éléments tangibles ont filtré, hormis la promesse de DP World d’accélérer la cadence.
Au-delà de la technique, l’enjeu est stratégique : rompre l’enclavement logistique de la RDC et concurrencer les corridors régionaux. Aujourd’hui encore, les marchandises en provenance de Matadi subissent 15 heures de cabotage sur le fleuve Congo. Le port de Banana, couplé à une autoroute projetée vers Kinshasa, pourrait révolutionner la chaîne logistique congolaise.
Mais la transformation ne sera pas automatique. Le port ne suffira pas s’il n’est pas adossé à un écosystème logistique performant. Sécurité, services médicaux, connectivité aérienne : tout doit suivre. Autrement, les économies espérées sur le fret seront minimes.
La RDC joue gros. Ce port est autant une infrastructure qu’un test de souveraineté économique. Les Congolais attendent plus qu’un quai. Ils attendent un symbole de reprise en main. La vraie question est là : Banana sera-t-il un tournant ou un mirage de plus ?
La Rédaction