Kolwezi a refermé, fin septembre, la troisième édition du DRC–Africa Battery Metals Forum 2025 avec une conviction largement partagée : la République démocratique du Congo n’a jamais été aussi centrale dans l’équation mondiale des métaux critiques, mais elle reste à la croisée des chemins. Pendant deux jours, décideurs publics, industriels, financiers et experts ont disséqué une même question, presque obsédante : comment transformer l’abondance minérale en prospérité durable ?
Les moments forts ont donné le ton. Des panels denses sur la chaîne de valeur des batteries, la zone économique spéciale de Musompo, la coopération RDC–Zambie ou encore la formation des compétences locales ont rappelé une évidence économique : sans transformation locale, le cobalt, le cuivre ou le lithium resteront des rentes incomplètes. Le forum a aussi mis en lumière des projets structurants, à l’image du Centre africain d’excellence pour les batteries ou des réflexions avancées sur le lithium de Manono, appelé à devenir un actif stratégique mondial.

Mais derrière l’enthousiasme, les défis ont été nommés sans détour. Infrastructures insuffisantes, déficit énergétique, lenteur réglementaire, manque de financements pour la recherche et la formation : autant de freins qui retardent le passage du discours à l’usine. « On ne peut pas bâtir une industrie compétitive sans routes, sans énergie fiable et sans capital humain qualifié », a résumé SEM Jeffrey Masuka, ministre provincial du Lualaba, rappelant que l’infrastructure reste la condition première de toute industrialisation.

Du côté du secteur privé, le forum a été salué comme un espace de vérité. « Le DRC–Africa Battery Metals Forum a permis un dialogue franc entre acteurs clés et fait émerger des partenariats concrets », a souligné King Kalume, directeur des relations parties prenantes chez MMG Kinsevere, insistant sur la qualité des échanges et leur orientation résolument opérationnelle. Même tonalité chez les organisateurs : pour Samukelo Madlabane, directeur de l’événement chez VUKA Group, « l’industrialisation n’est plus une option idéologique, c’est une nécessité économique si la RDC veut capter davantage de valeur dans la chaîne mondiale des batteries ».
Les prochaines étapes sont désormais claires. Finaliser et appliquer une stratégie nationale sur les minéraux critiques, sécuriser le cadre légal, accélérer les investissements dans la formation et l’énergie, et surtout assurer un suivi rigoureux des partenariats annoncés. Le forum se clôt donc sur une promesse, mais aussi sur une exigence : celle du temps économique. La RDC dispose des ressources. Reste à prouver qu’elle peut transformer l’opportunité en industrie, et l’industrie en développement.
La Rédaction






