Décembre 2025 marque un tournant discret mais stratégique pour l’industrie des matériaux de construction en République démocratique du Congo. À Lubudi, dans la province du Lualaba, le premier tir d’extraction de calcaire du projet Albatros a officiellement eu lieu, concrétisant la relance d’un site historiquement lié au ciment congolais. Derrière cette opération, un partenariat structurant entre Ciments du Katanga (Cimentkat) et PPC Barnet RDC, autour de l’exploitation d’un gisement de calcaire à forte teneur appartenant à Cimentkat.
L’enjeu dépasse la simple extraction minière. Il s’agit de reconstruire une chaîne de valeur locale, adossée à une ressource stratégique pour le secteur du bâtiment et des industries connexes. Selon le directeur général de PPC Barnet RDC, l’ambition est claire : « déjà exploiter au moins 600 000 tonnes de calcaire concassé chaque année, et de monter progressivement vers la production de la poudre calcaire et la chaux ». Des intrants essentiels, utilisés aussi bien dans la fabrication du ciment que dans des applications industrielles variées, de la métallurgie à l’agriculture.
Le choix de Lubudi n’a rien d’anodin. Le territoire porte une mémoire industrielle forte. Cimentkat y a implanté ses premières installations dès 1922, accompagnant pendant des décennies le développement industriel du Katanga. Mais cette histoire a connu un long reflux. Concurrence accrue, sous-investissement et chocs économiques ont progressivement conduit à l’arrêt des activités, il y a plus de dix ans.
Pour Léon Mwine, président du conseil d’administration de Cimentkat, le projet Albatros scelle un retour attendu : « La relance de Cimentkat est effective aujourd’hui au travers du projet Albatros ». Une relance qui se veut pragmatique, progressive et tournée vers des marchés réels, loin des annonces sans lendemain.
Le partenariat avec PPC Barnet RDC apporte une crédibilité industrielle supplémentaire. Issue d’une alliance entre le groupe sud-africain PPC Ltd et le groupe congolais Barnet, l’entreprise opère déjà une cimenterie intégrée à Kimpese, dans le Kongo Central, avec une capacité annuelle d’environ 1,2 million de tonnes. Une expérience industrielle qui renforce la solidité du projet.
Au-delà du calcaire, Albatros illustre une tendance de fond : la redynamisation d’actifs industriels historiques par des partenariats hybrides, mêlant capital local, expertise régionale et vision de long terme. À Lubudi, le tir de décembre 2025 n’est peut-être que le premier d’une nouvelle trajectoire industrielle.
La Rédaction
