C’est officiel : Donald Trump a balancé son cocktail molotov tarifaire sur l’économie mondiale. À compter du 5 avril, un droit de douane de 10 % frappera toutes les importations américaines. Et à partir du 9, certains pays subiront des hausses « réciproques » allant jusqu’à 50 %. Parmi eux, 51 pays africains. Le Lesotho décroche la palme avec un tarif de 50 %, suivi de Madagascar (47 %) et Maurice (40 %). Même la RDC, plutôt discrète dans les échanges, se prend un 11 % bien sec.

Un tsunami protectionniste qui secoue les capitales du globe. Ursula von der Leyen crie au carnage : « L’économie mondiale va massivement souffrir. » À Pékin, le ministère du Commerce menace de « contre-mesures résolues ». À Washington, quatre sénateurs républicains s’opposent publiquement à la taxe sur le Canada. Le Dow Jones plonge. L’ambiance est électrique.
Mais l’Afrique, victime collatérale ou phoenix commercial ? Pour certains analystes, c’est l’heure de réinventer les circuits. « Ces taxes nous obligent à réévaluer notre dépendance au marché américain », estime Kossi Aguessy, expert en commerce panafricain. En 2023, les exportations africaines vers les États-Unis totalisaient 29,3 milliards USD – pétrole, métaux précieux, textile. Un pactole menacé.
Mais pour d’autres, la crise pourrait devenir catalyseur. « Si l’AGOA est vidé de sa substance, il est temps pour l’Afrique de miser sur la ZLECAf et les marchés asiatiques », analyse Noura Sy, économiste à Dakar. Autrement dit : Trump ferme des portes, mais l’Afrique pourrait en ouvrir d’autres, plus proches, plus résilientes.
Opportunité ou naufrage ? La réponse dépendra moins de Washington que de la capacité du continent à transformer ce choc en levier.
D. Lukoji